Une mer sans requins ?
Présents dans les mers du globe depuis 400 millions d’années, les requins ont résisté à plusieurs cataclysmes géologiques, aux extinctions que l’on connaît, mais résisteront-ils à l’homme et la multiplication de ses activités ?
Victimes des pollutions et de la surpêche, ces prédateurs sont aujourd’hui des proies. Pourtant on a déjà une petite idée des graves conséquences de leur disparition car la mer ne peut pas se passer des requins, et les hommes ne peuvent pas se passer de la mer…
Les requins sont utiles
Utiles à leur écosystème car ils en sont les régulateurs. En bout de chaîne alimentaire, ils équilibrent toutes les populations qui se situent avant eux dans la chaîne. En mangeant les poissons malades ou affaiblis, en débarrassant les océans des carcasses, ils contribuent à la bonne santé des mers. Les requins sont primordiaux pour la régulation des populations de poissons.
L’exemple des coraux est intéressant : en se développant, ils forment des récifs coralliens, véritables abris pour des centaines d’autres espèces de poissons, mollusques ou crustacés. Ils forment également une barrière naturelle contre les vagues, protégeant ainsi les îles qu’ils entourent. Si les requins disparaissent, les poissons, alors sans prédateurs, pourront se nourrir sans crainte des coraux. À terme, le récif disparaitra et avec lui toutes les espèces qu’il abrite. L’île ne sera plus protégée par son récif corallien.
Une mer sans requins
Ce sont des écosystèmes appauvris, modifiés par la surpêche dont sont victimes les requins. Conséquences de cette surpêche : une explosion des méduses (dont certains requins sont très friands), de vers marins et des booms planctoniques (Pauly 2001). Déjà dans certaines zones où il n’y a plus les populations de poissons suffisantes pour réguler cela. Sans requins, il se produit un effet cascade sur tout le réseau trophique avec perte de biodiversité.
En Atlantique Ouest, une pêcherie de coquilles Saint-Jacques a du fermer. La disparition des requins côtiers a provoqué une augmentation des populations de raies qui ont fait disparaître les coquilles et rendu la pêcherie non rentable.
En Namibie, l’écosystème ne produit plus que des booms de phytoplancton. Il est trop tard pour que l’écosystème retrouve son équilibre car les animaux mangeurs d’œufs de poisson sont trop nombreux. Même problème en Atlantique Nord : les populations de morues des bancs de Terre Neuve ne se restaurent pas, probablement à cause des poissons mangeurs d’œufs et des crabes qui ont remplacé les espèces précédentes, et ce, malgré le moratoire de 1992 contre la pêche à la morue.
En Mauritanie, après 30 ans de pêche intensive, les seuls animaux qu’il reste à pêcher sont les poulpes.
A Madagascar, les populations de tortues sont décimées par les papillomavirus qui se répandent car la prédation des requins tigres sur les tortues malades a diminué étant donné que le nombre de requins tigres diminue.
Et la liste ne s’arrête pas là…
Le dérèglement de ces écosystèmes met en péril la vie sur terre. On le sait, mais rien n’y change…
Que peut-on encore faire pour les sauver?
Mettre des espèces sur des listes pour les protéger, c’est bien. Deux autres outils efficaces :
1) les aires marines protégées et des corridors qui permettent de relier ces aires protégées, car pour conserver une espèce il faut protéger le milieu dans lequel elle habite. Signez les pétitions ! Soutenez les ONG qui vont dans ce sens. Créer des aires protégées et les patrouilles nécessaires pour assurer le contrôle de ces espaces.
2) les pêcheries certifiées concilient la préservation du stock de poisson et les intérêts économiques pour les pêcheurs. Ces labels se développent mais il n’en existe encore que deux pour les requins. Le requin est une ressource alimentaire pour l’homme qu’il faut gérer comme les autres. Certaines espèces ont fait l’objet de réglementations – à peine respectées – et d’autres sont toujours menacées. Il faut aller vers une zéro pêche des requins le temps que les stocks se reconstituent.
Les choses bougent doucement, la conscience vient aux individus. Viendra-t-elle aux pouvoirs publics ?
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