25% de plastiques dans l’estomac des requins / 25% of plastics in shark’s stomachs.
La thèse toute récente du Docteur en biologie marine C.Ttrystram dont l’étude porte sur les réseaux trophiques du littoral de la Réunion (« Ecologie trophique de poissons prédateurs et contribution à l’étude des réseaux trophiques marins aux abords de La Réunion ») révèle les contenus stomacaux de 82 requins. Les animaux n’ont pas été tués pour l’étude. C’est le programme de pêche « Cap Requins » qui a tué ces animaux (budget d’1,2 millions d’euros pour ce « travail ») et cette thèse n’a rien à voir avec un quelconque programme scientifique de Cap Requins. Ces précisions étant faites, tous les estomacs n’étaient pas analysables. Sur les 24 bouledogues étudiés, 16 estomacs permettaient d’être analysés car suffisamment pleins ; pour les 58 estomacs de requins-tigres, 30 ont pu être analysés.
Il en ressort différents éléments :
- le requin-tigre, parfois appelé « poubelle des mers », a effectivement un régime très opportuniste, plus que celui des requins bouledogues, puisqu’il se nourrit sur 22 familles de proies, alors que le requin bouledogue ne semble s’intéresser qu’à 13 familles de proies.
- le requin-tigre se nourrit notamment d’oiseaux : on le savait déjà, notamment d’oiseaux marins. Plus surprenant en revanche, la présence de poulet (Gallus gallus) dans l’estomac des requins-tigres. Mais comment diantre ces gallinacés ont-ils rejoint l’estomac d’un requin-tigre ?…Un « appâtage sauvage »?
- Autres surprises dans l’estomac de ces requins-tigres : un tangue, petit mammifère terrestre (tenrec ecaudatus) qui vit d’ordinaire très loin des plages (voir interrogation précédente), une étoile de mer – faut-il que les océans soient vides pour que les requins tigres s’intéressent aux étoiles de mer ? à moins qu’il ne s’agisse d’une preuve de curiosité de la part du squale ?
- Toujours pour le requin-tigre : un chien a également été retrouvé dans le contenu stomacal d’un requin…. no comment.
Mais ce qui semble le plus alarmant, c’est que pour les requins bouledogues et les requins tigres, respectivement 25% et 27% des contenus stomacaux représentent des restes non digérables tels que des sacs plastiques, avec, en plus, pour notre gourmet tigre-requin, quelques hameçons, du sable et des végétaux (probablement des algues). Et ces plastiques non digérés nous appartiennent … Les requins ne sont pas les seules victimes du plastique, loin de là. Tout au bas du réseau trophique (dont on reconnait aujourd’hui qu’il est bien plus complexe que la représentation que l’on s’en fait), déjà des mutations sont liées à la présence de microparticules de plastique. Or nous faisons partie de ce réseau trophique : à quand notre tour ??
Finalement, « nous sommes ce que nous mangeons, moins ce que nous rejetons », comme le précise l’auteur de la thèse. Mais ce que nous rejetons, nous le rejetons dans la nature (i.e. le plastique dans la mer) et nous le retrouvons dans notre assiette (i.e. le poisson que nous consommons).
extrait de la thèse :
« The stomach contents of 24 bull sharks and 58 tiger sharks were analyzed; 16 (67 %) and 30 (52 %) stomachs were found to contain prey, respectively. (…)
The bull sharks we analyzed fed on three major prey groups, representing 13 prey families. (…) Indigestible items, such as plastic bags, were found in 25% of bull shark stomachs.
Tiger sharks consumed a wider variety of prey that consisted of eight major prey categories represented by 22 families. The most common prey items were teleosteans and cephalopods, followed by birds. Marine turtles, crustaceans, elasmobranchs, land mammals and sea stars were also recorded in rare instances. Indigestible items, such as plastic bags, hooks, sand and vegetables were found in 27 % of tiger shark stomachs. »
And these not digested plastics belong to us… The sharks are not the only victims of the plastic, far from there. Some elements at the foot of the trophic chain, (which is much more complex than we used to think), know already some mutations due to the presence of plastic microparticles. And we are a part of this trophic network : when is going to be our turn for « plastic mutations » ?
Finally, » we are what we eat, less what we reject « , as specifies it the author of the PhD thesis. But what we reject, we reject it in the nature (i.e. plastics in the sea) and we find it back in our plate (i.e. the fish which we consume).
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