Les requins émettent-ils des sons ?

Les requins sont souvent perçus comme des prédateurs silencieux, évoluant discrètement dans les océans. Cependant, des découvertes récentes suggèrent que certaines espèces de requins pourraient émettre des sons, notamment des clics, dans des situations spécifiques. Alors, les requins émettent-ils des sons ?

Une découverte fortuite

En 2023, des scientifiques en Nouvelle-Zélande ont observé que des requins à taches blanches (Mustelus lenticulatus, cf. photo) produisaient des sons ressemblant à des crépitements lorsqu’ils étaient déplacés hors de l’eau. Ces sons brefs, d’une durée moyenne de 48 millisecondes, atteignaient jusqu’à 166 décibels, soit l’équivalent d’un pétard qui éclate. L’équipe scientifique a considéré qu’ils pourraient avoir une fonction de défense face aux prédateurs. En effet, 100% des individus testés produisaient ces clics, surtout durant les premières secondes de manipulation. La fréquence diminuait ensuite, suggérant une réaction de stress plutôt qu’une communication intentionnelle. Cette observation marque une première dans l’étude de la communication acoustique chez les requins.

D’autres observations intrigantes

Bien que les recherches sur ce sujet soient encore récentes et donc limitées, d’autres espèces de requins pourraient aussi émettre des sons. Ainsi, pour le requin-marteau (Sphyrna spp.), des plongeurs et chercheurs ont rapporté des sons de type « clics » lors de la chasse en groupe, bien que leur origine exacte reste inconnue.
En ce qui concerne le requin-taureau (Carcharhinus leucas), des pêcheurs ont signalé que ces requins émettaient des bruits lorsqu’ils étaient capturés, peut-être par un mouvement rapide des mâchoires.
Enfin, des hypothèses existent sur l’émission de sons en profondeur par le requin-baleine (Rhincodon typus), bien qu’aucune preuve scientifique définitive n’ait encore été apportée.

Mécanismes possibles de production sonore

Contrairement à de nombreux poissons, les requins, poissons cartilagineux, ne possèdent pas d’organes spécialisés pour la production sonore. Ils n’ont ni cordes vocales, ni organe « vocalisateur ». Les chercheurs émettent l’hypothèse que ces sons pourraient être produits par des mouvements rapides de la mâchoire, les claquements de dents plates (caractéristiques de Mustelus lenticulatus qui se nourrit de crustacés), des frottements de structures internes ou des contractions musculaires particulières. Cependant, les mécanismes exacts restent à déterminer. Et ce serait bien de ne pas les pêcher pour ça…

Quelle est la fonction des sons émis ?

L’objectif de ces émissions sonores demeure incertain. Les scientifiques suggèrent qu’elles pourraient servir à surprendre temporairement une proie ou un prédateur, à communiquer avec d’autres requins, notamment en contexte de chasse ou de reproduction, à marquer un territoire ou à signaler un stress intense.
Toutefois, il s’agit encore d’hypothèses et des recherches supplémentaires seront nécessaires pour les confirmer.

Implications pour la perception des requins

Cette découverte remet en question l’idée reçue selon laquelle les requins sont totalement silencieux. D’ailleurs, on a longtemps pensé que les océans étaient le monde du silence… On sait désormais que près d’un millier d’espèces de poissons osseux produisent activement des sons. Mais pour les requins ? Comprendre ces comportements pourrait contribuer à démystifier ces créatures et à promouvoir leur conservation, en montrant qu’ils possèdent des aspects comportementaux encore méconnus.

Conclusion

On s’éloigne donc du monde du silence et des requins prédateurs silencieux … Ces observations récentes nous indiquent que nous avons encore beaucoup de choses à apprendre sur nos co-locataires sous-marins. Comment émettent-ils des sons ? volontairement ou pas ? Dans quelles circonstances particulières ? La recherche sur l’émission de sons par les requins est encore émergente, et les informations disponibles peuvent évoluer avec de nouvelles études.​ Cette découverte rappelle surtout la complexité de ces animaux et l’importance de poursuivre les recherches non invasives pour mieux les comprendre et les protéger.