OCEARCH, à la recherche des grands requins blancs

Depuis sa création en 2007, l’ONG américaine OCEARCH a mené 46 expéditions avec 200 scientifiques de différents pays dans presque tous les océans de la planète. L’objectif annoncé de OCEARCH est la recherche des grands requins blancs, et notamment l’amélioration de la compréhension des neuf populations reconnues de grands requins blancs dans le monde. À ce jour, ces campagnes ont permis de taguer près de 450 animaux.

L’été en Espagne

En 2024, l’expédition « Save the Med » se déroule donc le long des côtes atlantiques est et nord. Parce que l’on pense que les requins blancs de cette région font partie de la population méditerranéenne et qu’ils quittent la mer Méditerranée pour se nourrir de phoques et de thons dans les eaux orientales de l’Atlantique Nord. 

Cette hypothèse demandant à être vérifiée, le navire de OCEARCH a mené ses recherches dans les eaux du nord-ouest de l’Espagne du 29 juillet au 10 août 2024. Ce qui n’a pas empêché les scientifiques, le 5 août dernier, de taguer un requin bleu au large de l’Espagne, dans le Golfe de Gascogne. Ils ont appelé l’animal, un mâle de 112 kg pour 3,20 mètres, « Urdintxo », ce qui, en basque, signifie « Petit bleu ». Le dernier relevé du tag publié sur le site de ORCEACH date du 17/08/24. Il permet d’établir qu’Urdintxo a parcouru en 13 jours plus de 955 km. Il n’y a pas d’information plus récente à ce jour. Urdintxo est-il toujours vivant ? La pêche du requin peau bleue n’est pas interdite. Et l’Espagne, comme la France, exporte de nombreux ailerons vers l’Asie…

Analyse de l’eADN

De fait, les signalements du Grand requin blanc dans le Golfe de Gascogne, et dans le sud et le nord du Royaume-Uni, sont rares. Outre les requins, les scientifiques d’OCEARCH recherchent aussi de l’ADN environnemental ou ADNe. En effet, les prélèvements d’échantillons d’eau de mer permettent de trouver de l’ADN flottant d’êtres vivants passés là. À terme, certains estiment que l’ADNe pourrait fournir un inventaire de la faune et de la flore et aider à l’évaluation de la biodiversité. Toutefois, ces résultats ne restent-ils pas un peu « virtuels » ? Certainement, il est plus aisé de prélever de l’eau de mer que de trouver des requins dans les océans. Mais est-ce là l’avenir des futurs chercheurs en biologie que d’étudier, dans des laboratoires, des données sur des animaux qu’ils n’ont jamais vus ?…

Un requin bleu sauvé en Bretagne

Ensuite, du 13 au 27 août, le navire scientifique d’OCEARCH a prolongé son expédition à la pointe de la Bretagne. L’objectif était la recherche de la présence de requins blancs dans le secteur d’Ouessant, du Parc marin d’Iroise, ainsi qu’aux Glénans. Des scientifiques de l’Ifremer (Institut français pour l’exploitation la mer), du Lemar (Laboratoire des sciences de l’environnement marin), de l’UBO (université de Bretagne occidentale) et de l’université de Pohang (Corée du Sud) ont participé à ces recherches. Un autre objectif concernait des études sur les effets des polluants et des micro-plastiques. C’est au cours de cette mission qu’un requin bleu femelle a été retrouvé avec le cou enserré dans un objet en plastique. Les chercheurs ont réussi à lui rendre sa liberté. 

Cap sur l’Irlande

Après l’escale à Brest mi-août pour effectuer un ravitaillement, le navire fait route vers l’Irlande pour une nouvelle mission, du 2 au 23 septembre. Cette fois, les scientifiques viendront des universités de Dublin et d’Édimbourg. Il s’agira aussi d’étudier les déplacements des requins blancs dans cette zone, entre autres sujets. C’est la dernière étape de l’expédition « Save the Med » pour cette année.

« The Global White Shark Project »

L’objectif annoncé du « projet global Requin blanc » vise à aider à décrire les schémas migratoires, les sites d’alevinage et d’alimentation, ainsi que la biologie de la reproduction. L’idée est aussi de révéler les menaces potentielles vis-à-vis de ces populations en fournissant des données devant permettre d’éclairer les politiques de conservation et de protection des requins à l’échelle mondiale. Car ces top-prédateurs créent l’équilibre et l’abondance dans les écosystèmes marins ; si nous pouvons sauver les requins en Méditerranée, nous pouvons sauver la Méditerranée. Pour reprendre le slogan de OCEARCH, « Save our Sharks, Save the Med » !