La raie aigle tachetée, Aetobatus ocellatus, une espèce menacée de disparition

Il existe à travers le monde plus de 600 espèces de raies, présentes dans tous les océans et les mers. Les raies présentent des fentes branchiales en position ventrale et non latérale, comme chez les requins, dont elles partagent la sous-classe des élasmobranches.

À La Réunion, une dizaine d’espèces de raies sont présentes dont la Raie aigle, Aetobatus ocellatus. C’est, pour les plongeurs en bouteille, le spot de plongée de la passe de l’Ermitage qui offre le plus de chance de les observer. La Raie aigle tachetée est une espèce menacée de disparition.

Description

La Raie aigle, parfois appelée Raie léopard ou Raie aigle tachetée – appellations vernaculaires – est reconnaissable par ses deux grandes ailes pointues, son dos gris-noir constellés de petites taches blanches. C’est surtout son « museau » long, plat et arrondi rappelant un bec de canard qui la rend facilement identifiable. Ainsi, son corps forme un losange. On apprécie la taille de l’animal en parlant de son disque. De fait, on observe couramment des individus dont la largeur du disque est d’environ 1,5 m, la taille maximale observée étant tout de même de 3,3 m. Détail non négligeable : elle possède de deux à six aiguillons venimeux positionnés à la base de sa queue, juste derrière une petite nageoire dorsale. Leur piqûre est très douloureuse pour les humains et peut infliger de sérieuses blessures. Quant à sa queue, longue et fine, elle mesure environ 2,2 fois la largeur du disque de son corps. Un bel animal à observer !

Aetobatus ocellatus est présente en mer Rouge, dans l’océan Indien, dans l’océan Pacifique tropical jusqu’aux côtes américaines, et du sud du Japon à la Nouvelle-Calédonie.

Observations

Les plongeurs l’observent en train de naviguer ou parfois juste en train de planer dans le courant. Parfois, on la voit en train de fouiller le sable de sa tête aplatie à la recherche de nourriture. Elle localise ses proies à l’aide de ses organes sensoriels. Sa bouche en position ventrale lui permet de débusquer ses proies vivant généralement sur le fond et ses puissantes dents broyeuses cassent leurs coquilles si besoin. Au menu : céphalopodes, échinodermes, petits crustacés, mollusques et poissons.

On observe parfois les Raies aigles bondir hors de l’eau. On estime alors qu’elles essaient de se déparasiter en bondissant de cette façon. Cela étant, Aetobatus ocellatus a été observée en Polynésie française, se grattant les ailes et les branchies sur le sable.

Cette espèce, essentiellement diurne, peut aussi se déplacer très vite et parcourir de grandes distances, voire traverser les bassins océaniques. Elle nage souvent en groupe de plusieurs individus, jusqu’à plusieurs centaines. 

Menaces anthropiques

Depuis 2015, l’UICN classe Aetobatus ocellatus comme espèce « vulnérable » (VU), c’est-à-dire « avec un risque élevé d’extinction ». Ce classement se justifie par la faible fécondité de cette espèce, mais aussi et surtout par la pression de pêche qu’elle subit, notamment la pêche côtière peu ou pas réglementée dans de nombreuses régions. Sa population tend à diminuer. 

Sa chair est comestible, le cartilage est utilisé en pharmacie, le foie contient de l’huile riche en omega-3 utilisée notamment pour nourrir des crevettes en élevage. La queue est utilisée comme élément décoratif. S’adaptant bien en captivité, elle est pêchée également pour le commerce aquariophile. Dans les lieux où existent des élevages de mollusques, elle est considérée comme nuisible, notamment en Polynésie française, dans les exploitations d’huîtres perlières.

Menaces naturelles

La Raie aigle peut être également la proie de grands prédateurs tels que le requin tigre ou le grand requin marteau. Toutefois, face à cette menace, elle est capable de très fortes accélérations qui lui permettent d’échapper à la plupart de ses prédateurs. Et vu la diminution des populations de requins, ce n’est pas ce qui pèse le plus lourd sur son avenir…