Un bébé requin blanc observé en Californie
En janvier 2024, un drone a permis l’observation d’un bébé requin blanc en Californie du sud. L’observation montre un requin d’environ 1,50 m recouvert d’une pellicule blanche. Les scientifiques proposent deux hypothèses pour expliquer la présence de ce film blanc. La première est qu’il s’agit d’un requin nouveau-né avec des résidus de membranes embryonnaires encore collés à son corps. La seconde hypothèse est que ce requin souffre d’une maladie cutanée inconnue entraînant cette excrétion, cet écoulement sur sa peau.
Un requin mondialement connu mais pourtant très discret
L’aire de répartition du grand requin blanc (Carcharodon carcharias) est mondiale. Cet animal emblématique. suscite un intérêt considérable de la part de la communauté scientifique et du public. Toutefois, et malgré cet intérêt indiscutable, ce requin mondialement connu ne laisse finalement pas filtrer grand-chose de sa vie privée. De fait, on manque de connaissances sur son cycle biologique, en particulier sur sa reproduction et sur ses nouveaux-nés. D’où l’importance de cette nouvelle observation.
Vivipares et oophages
Comme les autres requins lamniformes, les requins blancs sont vivipares. Et les bébés requins encore embryonnaires pratiquent l’oophagie. Ce comportement leur fait consommer, encore à l’intérieur de l’utérus de la mère, les œufs de leurs congénères non éclos. Ils stockent alors le jaune d’œuf dans leur estomac comme source de nutrition. En outre, les requins blancs femelles gestantes produisent une sorte de « lait utérin », un liquide jaunâtre et laiteux, que les embryons consomment également. Cela étant, on ne sait toujours pas combien de temps ce liquide est produit au cours de la gestation. À l’issue de la gestation estimée à 12 mois, 2 à 17 petits naissent. Ces bébés requins mesurent de 1 à 1,60 m et leurs apex de nageoires sont plus arrondis que ceux des adultes.
Substance intra-utérine ou maladie de peau ?
Plusieurs éléments vont dans le sens de la première hypothèse émise par les scientifiques. D’une part, ce bébé requin blanc a été filmé dans une zone connue comme étant une nurserie. D’autre part, c’est la saison précise de la naissance des petits. Enfin, la surveillance par drone a enregistré dans la même zone de grands requins probablement matures. Ce qui a été confirmé par d’autres chercheurs dans la région. Compte tenu de ces facteurs, on peut penser que les plus grands requins sont des femelles adultes connues pour fréquenter cette région, et que le sujet blanchâtre est un nouveau-né, âgé de quelques jours, voire de quelques heures. Dans ce cas, la pellicule blanchâtre est le résidus de substances intra-utérines adhérant au bébé alors qu’il était encore dans l’utérus. Il se peut également qu’un autre liquide ait adhéré au requin juste avant sa naissance. Les scientifiques regrettent de ne pas avoir pu faire un prélèvement de ladite substance pour confirmer cette hypothèse.
Une zone à protéger
Des études précédentes ont démontré que cette région du sud de la Californie, aux États-Unis, est un habitat essentiel pour les requins blancs. En effet, l’observation de ce nouveau-né vient confirmer l’importance cruciale pour l’espèce de cette zone du Pacifique oriental. Si les requins blancs sont très protégés au large de la Californie, il y a encore trop de captures accidentelles par les pêcheurs. Bien que les individus soient relâchés, certains peuvent conserver des hameçons et des bas de ligne de pêche qui causent du stress, des dommages et peut-être la mort subséquente des individus. Par conséquent, il faudrait encore plus d’efforts et une gestion plus stricte pour protéger non seulement cette zone, mais aussi l’ensemble du littoral s’étendant jusqu’à la Basse-Californie afin de mieux préserver la population des requins blancs.
Crédit photo : Carlos Gauna – Images d’un requin blanc avec une pellicule blanche recouvrant son corps, observé à 0.4 km au large de la côte de Carpinteria, CA, USA.
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