Un requin du Groenland de 392 ans /A 392-year-old Greenland shark !
Selon une étude publiée début août 2016, Les requins du Groenland (Somniosus microcéphales) peuvent croiser dans les eaux froides de l’Arctique et de l’Atlantique Nord durant 400 ans, et seraient ainsi les vertébrés ayant la longévité la plus longue connue actuellement. Ils vivent ainsi plus longtemps que les tortues des Galapagos ou les baleines du Groenland. Une seule espèce animale au monde est connue pour avoir une longévité plus importante : c’est un coquillage ; « L’espérance de vie du requin du Groenland n’est battue que par celle de la praire d’Islande (507 ans) », note l’étude publiée dans le magazine Science.
Les chercheurs peuvent obtenir des éléments sur l’âge des créatures marines en trouvant des traces de radiations atomiques dans leurs tissus, ces traces résultant des tests nucléaires menés depuis les années 1950. Les deux plus grands requins du Groenland étudiés étaient longs de 4,93 mètres et de 5,02 m. Les chercheurs ont estimé qu’ils étaient « âgés d’environ 335 ans et 392 ans respectivement ». La plus vieille femelle pêchée accidentellement aurait donc vu le jour au milieu du règne de Louis XIII… Les auteurs de l’étude ont estimé que la durée de vie moyenne des requins du Groenland est d’environ 272 ans.
Leur lent développement – ils grandissent entre 0,5 et un centimètre par an – contribuerait à leur exceptionnelle longévité. Ce prédateur méconnu dont le poids moyen atteint 900 kg, est l’une des deux seules espèces de requins que l’on trouve en Arctique, l’autre étant l’aiguillat noir (Centroscyllium fabricii). La laimargue atlantique, le plus grand poisson des eaux arctiques, peut mesurer jusqu’à 7 mètres, point commun avec son cousin le grand requin blanc.
La laimargue atlantique mange de tout ou presque. On a trouvé à l’examen du contenu de son estomac des restes de pratiquement toutes les espèces marines – anguille, baleine, phoque, oursin, crabe, poissons divers, y compris d’autres espèces de requins, et même des restes de mammifères terrestres comme de l’ours polaire, du chien ou du caribou, qui se retrouvent parfois dans l’eau. (Ces grands animaux peuvent poser un danger, comme dans le cas de ce requin qui s’était étouffé en tentant d’avaler un gros morceau d’orignal en novembre dernier). Sa propension à manger tout ce qui lui tombe sous la dent pourraient bien se retourner contre lui. En effet, le développement accru qui se prépare en Arctique pourrait bien la mener à manger toutes sortes de déchets qui ne font pas partie de son régime alimentaire habituel.
La laimargue atlantique se meut lentement, d’où lui vient son surnom de « dormeur du Groenland », mais est aussi capable d’attraper des phoques… Ce poisson des grands fonds marins est souvent aveuglé par les parasites qui se nourrissent autour de ses yeux, mais dont les couleurs vives agissent également comme appâts pour d’éventuelles proies. Les experts soupçonnent que la laimargue atlantique a une très vaste aire de répartition, car elle fréquente essentiellement les eaux très profondes où la température de l’eau est plus uniforme. Peut-être migre-t-elle même de l’Arctique aux tropiques!?
Le requin devient mature sexuellement quand il atteint 4 mètres de long, soit environ… 150 ans !, explique encore l’étude. Celle-ci s’est basée sur des analyses au carbone 14 effectuées sur les lentilles oculaires de 28 femelles pêchées par accident.
Il n’existe évidemment aucun état de la population, ce qui place ce requin comme espèce quasi-menacée de disparition à l’état sauvage (UICN). Il est ovovivipare et la femelle ne donne naissance qu’à une dizaine de petits par portée. Les nouveau-nés mesurent de l’ordre de 90 cm. Une maturité sexuelle plus que tardive, un faible nombre de petits par portée, l’occurence d’un partenaire mature sexuellement rendent la survie de cette espèce fragile, sans compter les bouleversements que subissent son habitat de prédilection et la raréfaction des proies.
A noter que sa chair fraîche est particulièrement toxique. Elle peut toutefois être consommée après une longue préparation consistant à enfouir la chair du requin dans le sol pendant environ 6 mois puis à la faire sécher dans un séchoir entre 2 et 4 mois. Ce procédé permet de diminuer la concentration en acide urique de la chair de l’animal. L’odeur d’ammoniac reste cependant très forte. C’est plus une tradition culinaire islandaise (« Hákarl ») qu’un plat recherché.
Pendant l’été 2013, le WWF-Canada, a participé à une expédition de marquage de la laimargue atlantique avec l’équipe de l’université de Windsor à la recherche d’information sur ce mystérieux requin Ces travaux sont menés dans le cadre du Ocean Tracking Network, un réseau mondial de surveillance qui produit l’information scientifique de base à une gestion responsable des océans, et regroupe des scientifiques du monde marin à travers la planète..
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