Reunion Island : myths and reality 1- La Réunion : mythes et réalités 1
Since 2011, the Reunion island is facing the consequences of what the media have called « the shark crisis. » Whether one is practicing a nautical activity or not, this problem concerns everyone. However, the majority of the population of Reunion remains silent on the subject. For 4 years, only some opinions are taken into account by the authorities: that of the regional fisheries committee and some surfers (not all). They are neither experts nor specialists of sharks. Their projects of « securisation » are based mainly on fishing and are subsidized by public funds: approximately € 3M have been distributed so far among a few players, and € 10M of grants are requested to Europe in 2015. Huge amounts of money are at stake . Despite this, it is almost impossible to get all the research reports paid for by public money. Opposing these pseudo-scientific programs, environmental protection NGOs, which nevertheless express the views of thousands of people, are entitled to only one seat representation at meetings organized by the authorities. Their representatives are insulted and physically threatened by supporters of « sharkcide » fishing, which advocate the use of drumlines [1] baited as a means of securing the beaches.
While most islanders understood that sharks inhabit the oceans for 400 million years, that some places and some weather conditions are to be avoided, that surf may be dangerous, that public money distributed since 2011 by million benefit only few people, the tourists’ disinterest for the island began well before this « shark crisis » and the causes are different. However, faced with an outdated state authority and a regional administration seeking votes in the elections, it is not difficult to make the shark responsible for all evil. Few people obtain public money to bait and fish, some other obtain the satisfaction to become finally « someone » and their ego flattered by so much attention from medias, all on behalf of those who lost their lives … How did we come to this?
Myth # 1/10: « There is a shark overpopulation in Reunion island »
FALSE: This common argument is wrong. There is NO overpopulation of sharks of any species, anywhere in the Earth’s oceans; it is rather the opposite! Sharks are also victims of:
– the destruction of their habitat by human activities (pollution),
– the disappearance of prey they feed off (overfishing),
– poaching and fishing for their fins but also for the consumption of the flesh, food supplements, vaccine adjuvants, cosmetics, leather goods … Europe is the largest exporter of shark to Asia.
Scientific studies on the population of sharks in Reunion has never been undertaken. This type of estimate is done most often for « commercial » species, in term of relative biomass (not in numbers of individuals). For this, the historical series of the production data is used (when they exist!), the abundance indices calculated from scientific surveys and biological parameters for the species (fertility, age of sexual maturity, etc ..) . Other methods based on genetic analyzes exist but are currently less reliable.
However, there are the official figures of declared tonnages of fishing. We know we need to add at least 50% to these reported figures in order to be a little closer to the reality on the ground. These figures confirm that during these past 15 years, shark stocks have dropped sharply over the world; that large specimens are increasingly rare, and now they are younger animals or immature, that are killed, which attests to a scarcity of these animals in the world’s oceans. Moreover, one hundred of sharks was killed under the various programs in 4 years and 93 sharks tagged by CHARC [2] in 3 years, thanks to a huge fishing effort, beyond the reasonable, financed by governmental subsidies : this demonstrates that sharks do not swarm in these waters. So there is NO OVERPOPULATION OF SHARK in Réunion Island’s waters.
[1] Drumline: line with a hook at the end of which hangs bait, installed at a given depth.
[2] CHARC: IRD study on « Knowledge of ecology and habitat of two species of Coastal Sharks on the West coast of Reunion ». The 2 species are the Bull Shark (Carcharhinus leucas), also known as the Zambezi shark and the Tiger Shark (Galeocerdo cuvier).
Depuis 2011, la Réunion est confrontée aux conséquences de ce que les médias ont appelé « la crise requins ». Que l’on soit pratiquant d’une activité nautique ou pas, cette problématique concerne tout un chacun. Toutefois, la majorité de la population réunionnaise reste encore silencieuse sur le sujet. Depuis 4 ans, seuls quelques avis sont pris en compte par les autorités : celui du comité régional des pêches et de certains surfeurs. Il ne s’agit ni d’experts ès requins ni de scientifiques. Leurs projets de « sécurisation » reposent majoritairement sur la pêche et sont subventionnés par les fonds publics : environ 3M€ distribués à ce jour entre quelques acteurs, et 10M€ de subventions sont demandés à l’Europe en 2015. Des sommes colossales sont en jeu. Malgré cela, il est quasi-impossible d’obtenir les rapports d’études payés par l’argent public. S’opposant à ces pseudo-programmes scientifiques, les associations de protection de l’environnement, qui expriment pourtant l’opinion de milliers de personnes, n’ont le droit qu’à un seul siège de représentation aux réunions organisées par les autorités. Leurs représentants sont insultés et menacés physiquement par les partisans de la pêche requinocide, qui prônent l’utilisation de drumlines[1] appâtées comme moyen de sécurisation des plages.
Si la plupart des Réunionnais a bien compris que les requins habitent les océans depuis 400 millions d’années, que certains endroits et certaines conditions météo sont à éviter, que l’argent public distribué depuis 2011 par millions d’euros ne bénéficient qu’à quelques uns, le désintérêt des touristes pour l’île est bien antérieur à cette « crise requin » et les causes sont autres. Cela étant, face à une autorité étatique dépassée et une administration régionale en quête de voix pour les élections, il n’est pas difficile de rendre le requin responsable de tous les maux et d’obtenir qui de l’argent public, qui une petite notoriété égotique, sur le compte de ceux qui y ont laissé leur vie… Comment en est-on arrivé là ?
Mythe N°1/10 : « Il y a une surpopulation de requins à la Réunion »
FAUX : Cet argument souvent avancé est erroné. Les requins, toutes espèces confondues, ne sont en surpopulation nulle part ; c’est plutôt l’inverse ! Ils sont les victimes eux aussi de :
- la destruction de leur habitat par les activités humaines (pollution)
- la disparition des proies dont ils se nourrissent au large et en profondeur (surpêche)
- du braconnage et de la pêche pour leurs ailerons mais aussi pour la consommation de la chair, les compléments alimentaires, adjuvants de vaccin, produits cosmétiques, maroquinerie… L’Europe est le premier exportateur de requins vers l’Asie.
Aucune étude scientifique sur la population des requins à la Réunion n’a jamais été entreprise. Ce type d’estimation se fait le plus souvent pour des espèces « commerciales », en biomasse relative (pas en nombre d’individus). Pour cela, on utilise les séries historiques des données de production (quand elles existent !), des indices d’abondance calculés à partir de campagnes scientifiques et les paramètres biologiques de l’espèce (fécondité, âge de maturité sexuelle, etc..). D’autres méthodes basées sur des analyses génétiques existent mais sont à l’heure actuelle moins fiables.
En revanche, on dispose des chiffres officiels déclarés des tonnages de pêche. On sait qu’il faut rajouter au moins 50% aux chiffres déclarés pour être un peu plus près de la réalité du terrain. Ces chiffres confirment donc que depuis 15 ans, les stocks de requins ont terriblement baissé de par le monde ; que les grands spécimens sont de plus en plus rares et désormais, ce sont des animaux plus jeunes, voire immatures, qui sont tués, ce qui atteste d’une raréfaction de ces animaux dans les océans de la planète. De plus, une centaine de requins a été tuée dans le cadre des différentes programmes en 4 ans et 93 requins marqués par CHARC[2] en 3 ans, au prix d’un effort de pêche qui sort du raisonnable (grâce aux subventions) : cela montre bien que ces animaux ne « pullulent » pas. Il n’y a donc PAS de SURPOPULATION de requin à la Réunion.
[1] Drumline : ligne avec un hameçon au bout duquel pend un appât, installée à une profondeur donnée.
[2] CHARC : étude de l’IRD sur la « Connaissances de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte ouest de La Réunion ». Les deux espèces étudiées sont le requin-bouledoque (Carcharhinus leuca) et le requin-tigre (Galeocerdo cuvier).
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