La Réunion : une nouvelle étape, cette fois en faveur des requins
Voici de bonnes nouvelles, comme nous n’en avions pas eu depuis longtemps.
Je vous laisse le soin de découvrir ci-après le communique de presse de l’ASPAS. Néanmoins, certaines questions restent sans réponses:
Pour pérenniser la situation, et cela ne remet pas du tout en cause le remarquable travail déjà accompli par les associations citées, il faudrait obtenir l’annulation juridique de l’arrêté préfectoral, et non sa suspension. Qui plus est, la pêche s’est-elle vraiment arrêtée? Il semble que certains pêcheurs préfèrent sortir la nuit, quand tous les requins sont gris… Les contrevenants, appelés souvent ailleurs dans le monde « braconniers », sont-ils poursuivis ? Quelles sont les peines encourues ? et que devient le programme CHARC?…
L’ASPAS et d’autres associations [1] viennent de remporter une belle victoire juridique contre les tentatives d’atteintes à la protection de la biodiversité à la Réunion.
A l’heure où le PNUE [2] adopte un plan de conservation des requins migrateurs, l’ASPAS ne relâche pas son combat juridique pour préserver ces prédateurs et empêcher des prélèvements abusifs.
Ainsi le Tribunal administratif de Saint Denis vient de suspendre aujourd’hui l’arrêté préfectoral autorisant les « prélèvements » de requins au sein de la réserve naturelle marine de la Réunion. Le juge a en effet estimé que « l’autorisation des prélèvements était disproportionnée » et que les objectifs scientifiques de cet arrêté n’allaient pas dans le sens de la gestion et la protection de la réserve.
Les raisons avancées par le préfet pour justifier cette pêche étaient particulièrement peu convaincantes. Cette « pêche scientifique », pourtant discutée, était un prétexte pour envisager la commercialisation de leur chair. En effet le préfet avait déjà pris conscience des risques de consommation de requins en interdisant sa vente pour des raisons de santé publique et de sécurité sanitaire en 2009. Cette mesure prise à la hâte dans le but d’apaiser les surfeurs et les pêcheurs suite aux récentes attaques, n’est en aucun cas une solution pérenne pour limiter ces accidents rarissimes.
Il est aujourd’hui impossible d’affirmer avec certitude que les grands requins reviennent de façon permanente sur les côtes réunionnaises. Il n’est pas rare que dans un écosystème dégradé, on observe un changement de comportements de certaines espèces. La raréfaction du poisson pour cause de surpêche inciterait les requins à aller chercher de la nourriture dans des endroits où ils ne s’aventuraient pas auparavant. Une étude plus poussée est nécessaire afin de comprendre leur comportement et la raison de leur fréquentation sur les côtes réunionnaises.
Classés espèces quasi menacées par l’UICN[3] , les requins tigres et bouledogues ont un rôle primordial à jouer dans l’équilibre de cette réserve. Une cohabitation entre les hommes et les requins est possible à condition que tous les moyens soient mis en place pour informer et protéger les citoyens réunionnais. De simples règles de sécurité et des mesures de surveillance des zones à risque devraient être mises en place pour ainsi éviter tous futurs accidents.
source : communiqué de presse de l’ASAPS
[1] Sea Shepherd et l’Association Citoyenne de Saint-Pierre
[2] Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a communiqué aujourd’hui même la décision, par les représentants de 50 pays réunis à Bonn, d’un accord international pour un plan de conservation des requins dans le monde.
[3] Union Internationale pour la Conservation de la Nature.